Le groupe Pièces et Mains d’Œuvre (PMO) a récement été invité pour une suite de 3 conférences aux lieux « Les croquignards » entraînant des débats en interne et avec l’extérieur. Pour résumer, PMO est un groupe de critique de la technologie bien connu dans le milieu écolo et reconnu d’un côté pour la qualité de leurs enquêtes. Toutefois leurs venues déclenchent régulièrement de violents débats dans les localités où iels sont invités. On peut caractériser deux facettes à leurs textes : une part de prises de position étant la partie polémique de leur travail et sur laquelle s’appuient leurs critiques, et une part d’enquêtes fournies sur l’univers technologique. Il pourrait paraître simple de distinguer ces deux parties pour permettre plus ou moins à tout le monde d’être d’accord (« ce sont de bons journalistes mais leurs positions politiques sont disctuables »). Toutefois ces enquêtes ne sont malheureusement pas neutres. Elles sont forcément médié par leur philosophie, leur noyau théorique, dans la façon d’aborder la question, la façon de mener l’enquête et les conclusions qui pourront être prises par le/a lecteur/rice. Leur façon d’appréhender les questions techniques est questionnée par l’histoire des techniques qui s’efforce de prendre en compte une diversité de faits sociaux empêchant d’analyser l’avancé technologique comme un processus simple. Leur façon de mener leurs enquêtes les enferment et enfermera forcément le/la lecteur/rice dans le prisme à la base du texte. Cette vision ne pourra être contrecarrée que par la lecture d’autre point de vue sur le sujet, chose plutôt salutaire dans tous les cas. Ainsi ce noyau théorique, ainsi que les conséquences politiques et stratégiques sont documentés depuis longtemps et de très nombreuses traces sont encore disponibles sur internet. Pour ne remonter que jusqu’à un siècle, on pourrait s’arrêter par un lien de filiation philosophique autour de la question de la technique et de l’ontologie jusqu’à Heidegger, en passant par l’Encyclopédie des nuisances. La plus récente critique est le texte « Le naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel · Histoire de dix ans" [1], mais ce type de débat peuvent se retrouver outre atlantique dans le débat avec l’anarcho-primitivisme, ou sous une autre forme durant le 20e siècle avec Jacques Ellule par exemple.
Aux vues du côté sensible de la question, entre nécessité écologique et respect des personnes, ce dossier sera constitué de textes longs, demandera du temps de lecture et ne se suffira clairement pas à lui-même. Dans ce but, des articles connexes, développant plus le propos ou sur des approches différentes, seront mis en lien à la fin de chaque article pour les personnes intéressées par le sujet. Il n’abordera que quelques points d’un débat plus vaste mais permettra de retranscrire différents point de vue ayant évolué dans les milieux militants dans les dernières décennies. Ce dossier est aussi pensé pour être lu dans son intégralité et dans l’ordre de sortie, bien que les textes soient indépendants nous prenons le parti d’un cheminement de pensée tout au long du dossier.
Partant d’un épisode d’opposition entre anti-industriel et féministe, nous essayerons ensuite de prendre du recul afin de poser les bases du débat en passant par une réflexion philosophique sur la question de la neutralité de la technique puis plus sociologique en analysant des phénomènes sociaux rentrant en compte dans le développement d’une technique. L’histoire nous permettra d’imager la quotidienneté de la technique et de sa validation sociale bien plus complexe que ce que ne laisse entendre PMO. Nous nous attarderons ensuite à voir ce que les queers ont a dire de la technique pour finir avec une synthèse actuelle de l’analyse anti-industriel qui nous semble plus pertinente et émancipatrice.