Samedi 2 mars, Claviere — Carnaval contre les frontières !

Cette frontière, comme toutes les frontières et tous les murs construits pour séparer et diviser les terres et les peuples, tue. Sur les sentiers de montagne de Claviere à Briançon et sur les pistes de ski où se promènent les touristes, plus de 10 corps ont été retrouvés depuis 2017. Au moins deux sont portés disparus.

Et ce n’est pas la montagne, le froid ou la neige qui les a tués, comme ce n’est pas la mer ou les trafiquants la cause de la mort de milliers de personnes dans la Méditerranée. Ce qui tue, est la présence de la gendarmerie, de la police des frontières, des militaires. Ce sont les politiques de “gestion des migrations” et d’externalisation des frontières qui visent à bloquer et à contrôler la partie de la population considérée comme excédentaire, pauvre, et à l’exploiter si elle arrive en Europe. La frontière n’existe pas pour les marchandises qui circulent partout. Dans une vallée où il y a une ligne de chemin de fer – et les chantiers pour en construir une autre devastent le territoire-, où il y a des routes et des autoroutes qui mènent en France, celleux qui n’ont pas le bon document sont obligées de marcher de plus en plus haut sur les sentiers de montagne, de plus en plus réprimés par une militarisation croissante.

Le 5 mars, la Cour de cassation se prononcera sur les peines demandées pour les personnes qui, en mai 2016, ont décidé de se solidariser avec les frontaliers et de s’opposer à la construction d’un mur “anti-migrants” au col du Brenner, à la frontière entre l’Italie et l’Autriche.

Le jugement en appel du procès de la manifestation “Abattre les frontières, au Brenner et partout” a prononcé des peines pour plus de 120 ans d’emprisonnement. Si les condamnations seront confirmées en cassation, de nombreux camarades se retrouveront en prison ou en résidence surveillée pendant des années pour l’une des manifs les plus réprimées depuis des décennies. Au fur et à mesure que la répression progresse, les motifs et les raisons de cette manifestation n’ont fait qu’augmenter.
Ces dernières années, les outils de contrôle et de gestion intégrée des frontières se sont multipliés : un nouveau pacte européen sur les migrations pour faciliter les processus d’enregistrement et de rapatriement des migrants, des CRA et des hotspots multifonctionnels situés dans les zones les plus reculées de la péninsule, des accords avec des pays tiers pour externaliser les frontières et les demandes d’asile (le dernier en date avec l’Albanie pour la construction de deux CRA sur le territoire albanais).

En 2023, près de 30 000 rejets documentés ont été enregistrés aux frontières européennes. Il y a quelques jours, on a appris qu’un homme de 22 ans s’était encore suicidé à l’intérieur d’un CRA. Les dispositifs de reconnaissance faciale, les bases de données d’empreintes digitales, de nombreuses technologies de contrôle trouvent dans les frontières un lieu d’expérimentation privilégié.

Malgré les instruments d’oppression aux mains de l’Europe coloniale, les migrant.e.s s’organisent pour percer les mailles de la forteresse : de Vintimille à Montgenevre, de Trieste à Calais, du col du Brenner à Lampedusa, les frontières sont franchies chaque jour. Les CRA sont incendiés (ce n’est qu’en ces premiers jours de 2024 qu’il y a eu des émeutes dans les CRA de Gradisca d’Isonzo, Milo et Ponte Galeria) et les gens s’échappent.

Depuis la frontière du Montgenèvre, nous appelons à une présence solidaire, le samedi 2 mars 2024, pour exprimer notre solidarité avec les camarades inculpées pour la manif au col du Brenner et tous celleux qui, chaque jour, défient les dispositifs de contrôle pour battre les chemins de la liberté et de l’espoir.

RDV samedi 2 mars à 11h a Claviere !
Amene à bouffer
Il y aurait du thé et du vin chaud !

Solidarité avec celleux qui franchissent les frontières, complicité avec celleux qui les détruisent !

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