Un exemple significatif d’écologisme radical qui contient toutes ces lacunes et problèmes, et qui non seulement ne sympathise pas avec les autres luttes de libération mais exprime une hostilité explicite envers les revendications féministes, queer et trans (mais aussi antifascistes et antiracistes), est le collectif français Pièces et Main d’Œuvre (PMO). Collectif qui mène depuis plusieurs années une critique rigoureuse et lucide sur les développements les plus récents des techno-sciences, en particulier sur les biotechnologies, les nanotechnologies, les capteurs, l’intelligence artificielle, etc, mais qui se montre extrêmement myope, et parfois ouvertement rétrograde, à propos de tout le reste. Dans un mode de critique très sectoriel, ce collectif ne prend en considération les autres enjeux de société que dans la mesure où ils se rapportent à leur critique de la techno-science, et quand ils le font, on en vient à regretter qu’ils n’aient pas continué à parler uniquement de celle-ci, compte tenu des préjugés et des stéréotypes horribles qui émergent. Dans leurs recherches sur des questions liées à la technoscience comme le transhumanisme et la « reproduction artificielle » (parmi les principaux objets de leur critique), iels sont évidemment tombé·e·s sur les discours pro-queer et pro-féministes de certains transhumanistes, ainsi que les textes des auteures des courants cyberféministes et post-humanistes déjà évoqués. En réduisant le féminisme et les théories queer uniquement aux courants et aux auteurs qui étaient exactement en opposition à tout ce sur quoi ils élaboraient leur critique, et en menant une campagne de diffamation conséquente, iels cachaient en fait leur hostilité générale envers la lutte contre le patriarcat et la construction binaire des genres (et envers les femmes et les personnes queer, lesbiennes, gays, trans…), des hostilités qu’iels ont elleux-mêmes décidé à un moment donné d’expliciter, comme nous le remarquerons dans leurs déclarations sans équivoque à cet égard.
PMO publie en octobre 2014 un livret de près de quarante pages qui est un coming-out explicite des idées macho, anti-queer et transphobes qui animent le groupe. Une brochure centrée sur leur opposition aux théories queers, est révélée avec une ironie froide dès le titre et le sous-titre. Le titre du livret est « Ceci n’est pas une femme » et est accompagné d’une représentation du célèbre tableau de Courbet « L’origine du monde », qui montre une partie d’un corps féminin, sans visage, avec une vulve au premier plan. En se référant au célèbre tableau de René Magritte « Ceci n’est pas une pipe », qui représente une pipe, PMO signifie évidemment que ce que ce tableau représente est en réalité une femme, et on ne peut pas affirmer le contraire. Dès le titre, l’intention est d’expliciter leur vision déterministe biologique selon laquelle quiconque a une vulve serait forcément une « femme ». En effet, ce serait la vulve qui fait de la femme ce qu’elle est. Cette couverture sert à nier l’existence des personnes trans et à réaffirmer comment le sexe biologique détermine nécessairement un certain genre social. En français, cela est d’autant plus évident que « femelle » serait le terme qui indique le sexe biologique de l’individu d’une espèce (« femelle »), alors que « femme » est précisément le terme qui indique le genre et signifie également « épouse » : terme indicatif du « destin social » auquel le sexe féminin est destiné dans l’ordre patriarcal.
Le sous-titre, « À propos des tordus queer », fait immédiatement connaître l’opinion pathologisante que PMO a des personnes queer, plus tard énoncée encore plus clairement dans le texte. Le terme queer, qui d’une insulte homophobe avait été transformé par les militants en une revendication de fierté, est transformé de nouveau en une insulte par PMO. Dans les premières pages du texte, ils se moquent de la façon dont ce terme, qui sonne si bien en anglais, ne sonnerait pas aussi bien traduit en français, car il indique « un·e tordu·e généralement en faisant un petit geste de rotation de la main, à la hauteur de la tête », « un individu déficient, mal-conformé, infirme (bossu, bancal), physiquement lunatique, vicieux, ayant l’esprit dérangé mentalement ». Sans trop de mots, ils suggèrent que c’est leur opinion des personnes queer.
Il est à noter que ce livret, qui se présente comme une critique sophistiquée des théories queers, utilise un recueil de citations tirées presque exclusivement des grands journaux, en particulier « Le Monde », pour étayer ses thèses. Cela semble être la seule source de connaissance des théories queer sur lesquelles repose le collectif PMO, qui n’a probablement jamais ouvert même un des livres de théorie queer… et cela en dit déjà long.
Leur examen commence par les mêmes préoccupations que les catholiques et les fascistes sur la diffusion de la « théorie du genre » dans la société, qu’iels parviennent, avec une série de citations, à rattacher aux théories queers. Le texte de PMO pourrait facilement être adopté par la droite religieuse elle-même, car les termes et arguments utilisés sont extrêmement similaires. L’alarme pour la diffusion de discours « androphobes » et « hétérophobes », théorie queer comme « coup de force idéologique », « fiction dogmatique », anti-populaire. Confondant délibérément la théorie académique avec la pratique militante du même nom, PMO définit les « activistes queers » comme « issues du milieu homo des universités new-yorkaises », des « scientifiques diplômés d’Etat, pipelettes de la presse, avortons de la French Theory, parasites critiques » et bourgeois, tou·tes appartenant à la classe dirigeante des métropoles mondialisées. « Le tordu queer est un héritier. Un rejeton de la technocratie bourgeoise. Un gagneur de la Métropole à l’ère de l’économie planétaire unifiée, qui, en dépit de ses dissertations compassionnelles, écrase et méprise le peuple d’en bas. » Iels poursuivent en affirmant que les personnes queers, qui prétendent être opprimées mais appartiennent en fait à la classe privilégiée, s’accrocheraient à leur statut de victimes et de minorités, exigeant ainsi d’être à l’abri de toute critique. Selon eux, il n’y a pas que les catholiques, la droite et les « musulmans des quartiers défavorisés » qui rejettent les théories queers, mais aussi la plupart des véritablement « dominé·e·s » et « dépossédé·e·s », et cette conclusion pour PMO démontre la justesse de leur critique. La raison se trouverait donc simplement dans la majorité ?! Compte tenu de l’état actuel des choses, dans lequel la majorité des « personnes opprimé·e·s » adhèrent et soutiennent les mêmes formes d’oppression qui les soumettent (y compris la techno-science si chère à PMO), si la majorité a toujours raison, nous pouvons tous rentrer chez nous et nous consacrer uniquement à la culture de notre jardin.
Les homosexuels imposeraient leur vision à travers « le conformisme, la terreur, les techniques de manipulation de masse », « veulent rééduquer le peuple, d’où leur effort d’entrisme dans l’enseignement, de la maternelle à l’université, aussitôt détecté et combattu par la droite religieuse. Ce n’est pas aux dévots qu’on apprendra l’importance du contrôle des consciences. Le réseau queer, comme l’église de Paul, l’ordre Jésuite, le parti léniniste, le mouvement futuriste, les Khmers rouges de Pol Pot et tant d’autres avant lui, veut liquider « le vieil homme » pour faire place à « l’homme nouveau ». En l’espèce un être mouvant, multiple, malléable, spongieux et protéiforme (cyborg, androgyne, chimère, etc.), dans un monde où rien n’a de limite avec rien, où tout peut se transformer en tout (et en n’importe quoi). C’est le sens de la fascination queer pour les technosciences, et de l’alliance entre le réseau queer et les scientifiques transhumanistes ». Derrière la bête noire de l’alliance entre queer et transhumanistes se cache la terreur de la diffusion des théories queer (qui parlent d’autre chose que de la techno-science…) dans la société, précisément la même paranoïa partagée par la droite religieuse. La droite religieuse craint de perdre définitivement son pouvoir dans la société, un pouvoir qui a toujours été basé sur une vision patriarcale, tout comme la paranoïa de science-fiction de PMO qui vante la domination queer-technocratique du monde est en fait la terreur de perdre des privilèges masculins, comme on le verra bientôt.
PMO poursuit le raisonnement avec le regard myope habituel sur la société industrielle-technologique, atteignant le point de nier l’existence dans cette société du racisme, du sexisme, de la xénophobie et de l’homophobie… « le capitalisme technologique, qu’on le nomme société du Spectacle, société de consommation, société post-industrielle, post-moderne, est tout, sauf raciste, sexiste, xénophobe, homophobe, etc. C’est au contraire une condition de sa prospérité que d’être aussi inclusif, ouvert, égalitaire que possible envers les identités de genre, de sexe, d’ethnie, de religion. C’est la condition pour que s’expriment des désirs qui trouveront leur satisfaction marchande, grâce à la recherche et à l’innovation ». Je ne trouve aucune explication à cette affirmation, qui semble si éloignée de la réalité du monde dans lequel nous vivons et insultante pour l’expérience de millions de personnes, si ce n’est le fait que ce sont précisément les gens de PMO qui vivent dans une bulle de privilèges, et ne perçoivent pas ce qui les entoure… ne reconnaissant que les oppressions sur une base économique, mais niant l’existence de toutes les autres formes de domination non liées à la condition de classe. Le fait que le marché se propose comme multiculturel et inclusif envers toutes les identités n’est qu’une façade qui n’enlève rien et va de pair avec la réalité brutale des milliers de personnes décédées en mer en traversant la Méditerranée et ces prisonniers des Centres de Rétention Administrative, des personnes trans tuées dans la rue en se prostituant, des passages à tabac de personnes gays et lesbiennes, des meurtres et viols quotidiens de femmes par des hommes… et ce n’est que la pointe de l’iceberg d’une société qui elle reste résolument raciste, sexiste, xénophobe et homophobe, même au niveau institutionnel.
Ce type de déclarations est également très dangereux dans une période historique qui voit une résurgence du nationalisme, du fascisme et de la xénophobie dans toute l’Europe, avec le triomphe des partis d’extrême droite et un néo-fondamentalisme qui menace même, dans certains pays, certaines libertés durement conquises par les femmes, comme l’avortement.
PMO poursuit : « Cette « multiplicité des genres et des modèles », ce n’est rien d’autre que le séquençage marketing des « socio-styles », des pseudo tribus et communautés dont Benetton avait affiché dès les années 80, les images les plus transgressives et « rebelles ». On comprend ce que « la fin de la famille », avec sa morale économe et son économie restrictive peut briser, concasser, comme noyau de solidarité et de résistance, libérer comme atomes de dépense (Bataille), dans le synchrotron capitaliste. » Oui, face à la multiplicité des genres et des modèles, que représente la « publicité Benetton » selon PMO, il vaut mieux revenir au modèle unique, celui de la famille traditionnelle, patriarcale et raciste. Omettant toute critique du rôle historique oppressif du modèle familial et de sa fonctionnalité pour les intérêts de l’État, PMO considère la famille comme un « nœud de solidarité et de résistance ». Cette image, plus qu’un idéal anarchiste, me semble refléter un idéal proche des néofascistes de Forza Nuova.
Mais continuons. Selon PMO, les exemples de personnes intersexes et trans sont minoritaires, pourtant leurs cas sont utilisés par la théorie queer pour dire la vérité sur l’humanité et surtout sur l’hétérosexualité, coupable d’être le comportement majoritaire. « Les anomalies physiques sont instrumentalisées, les exceptions érigées en règle. ». Dommage que PMO ne voie pas tout ce que la théorie queer a à dire précisément sur la norme, sur le concept même de « normalité »… Leur attaque passe ensuite aux personnes trans qui effectuent une opération d’ajustement sexuel, en omettant leur expérience et les raisons qui conduisent ces personnes à cette décision, et les réduit à un produit du capitalisme postmoderne et de la mode « gay et lesbienne » :
« L’Occident les libère et les intègre à coups de bistouri. De même pour les transsexuels que les chirurgiens équipent ou débarrassent suivant les cas, d’un pénis détesté ou désiré. Les tordus queers applaudissent les opérations de transsexuels et honnissent les opérations d’intersexués. (…) Il est normal que « la mode », aux mains de l’élite gay et lesbienne promeuve les morphologies qui flattent ses désirs, et auxquelles la masse des clients et suiveurs hétérosexuels s’empressent de se conformer. Il est non moins normal que ses objectifs fusionnent avec ceux de la chirurgie esthétique, des biotechnologies et de « l’augmentation » technologique qui permettent la fabrication et la vente de ces « morphologies idéales ». Il y a dans ce capitalisme du désir et de la technologie accouplés, un gisement de croissance et de profit infini qui se nourrit d’un conformisme fanatique et naïf aux vertus émancipatrices, « révolutionnaires », de la transgression et de l’illimitation infinie. La World Company remercie l’agence de consulting Deleuze & Guattari. Les transsexuels sont les hommes-sandwichs de ce techno-capitalisme désirant dont le transhumanisme et le post-humanisme fournissent l’idéologie pseudo-scientifique et de prodigieuses perspectives de développement. »
Le « conformisme fanatique » que PMO voit dans les revendications queers (d’une liberté d’autodétermination de son sexe, même en dehors du binaire, et d’un démantèlement des mécanismes du patriarcat) vient au contraire de leur proposition de la même vieille formule, celle qui depuis des millénaires, a promu le privilège masculin et l’oppression des femmes opprimées, de l’identité et de la sexualité dissidente, c’est-à-dire l’adhésion rigide aux modèles stéréotypés d’hommes et de femmes hétérosexuel·les comme seule possibilité. Le conformisme accompagné d’une angoisse particulière pour la perte de centralité du mâle dans une société qui commence enfin à remettre en question sa suprématie, également grâce aux luttes d’émancipation des femmes et des personnes LGBT.
La peur de la disparition du mâle passe même pour PMO d’un souci vis-à-vis de ses gènes : « le chromosome mâle est « petit »,« ténu »,« fragile »,« chétif et peut-être et éphémère » ; il ne cesse de perdre des gènes depuis 180 millions d’années – il ne lui en reste que 3 %. Il pourrait disparaître d’ici quelques millions d’années – voire plus vite encore si des généticiens queers prennent en main l’évolution et l’amélioration de l’espèce humaine. » De plus, « l’industrie agrochimique féminise les poissons et les crocodiles » (provoquant en fait une augmentation des cas intersexes). Où ira le pauvre mâle ? Ce n’est qu’un des nombreux passages dans lesquels PMO exprime la thèse du complot d’une science qui, en alliance avec des personnes queers, voudrait « imposer l’homogénéité », supprimer la reproduction sexuée, se débarrasser de « l’une ou l’autre de ses moitiés ».
Pendant une grande partie de la brochure, PMO répète sans relâche que l’humanité est sexuée et que cette différence s’exprime entre deux sexes distincts. L’intersexualité ne serait qu’une anomalie de l’espèce et ne serait un exemple de rien. Comme si les théories queers niaient les différences sexuelles entre les êtres humains, et n’essayaient pas au contraire d’analyser comment ont été créées à partir de celles-ci des différences sociales déterminées par des relations de pouvoir très spécifiques… PMO, en revanche, continue dans ses écrits biologiques de superposer les catégories du mâle-femelle avec les catégories culturelles de l’homme-femme, niant l’existence d’une influence culturelle sur la construction des genres et ramenant ces derniers à des bases purement biologisantes.
Le binarisme culturel des genres, basé sur la différenciation biologique entre les sexes, est décrit par PMO comme une expression de beauté et d’harmonie, de « l’ordre naturel », de la symétrie… malheureusement ce n’est pas l’opinion de milliards de femmes et d’autres subjectivités qui ont subi, grâce à cet « ordre » si peu harmonieux, des millénaires de patriarcat !
« Cette binarité culturelle, cette parité, n’est pas sans rapport avec le constat de l’ubiquitaire symétrie des formes naturelles, qui a inspiré, sinon façonné, nos idées spontanées du beau et de l’harmonieux, de « l’ordre naturel ». Des principes élémentaires se reproduisant et se complexifiant à tous les degrés de l’échelle. Symétrie : Summetria (grec), sun metron, « avec mesure », d’où « proportion exacte », « juste mesure ». La symétrie et la régularité (les attracteurs étranges) constituent l’ordre caché de la nature – pas si caché d’ailleurs, plutôt invisible à force d’évidence et d’ubiquité – derrière le chaos apparent que nous peinons à percer parce que nous ne savons plus voir. Et nous ne savons plus voir parce que nous avons quitté la « biosphère » pour la « technosphère ». Mais si le mot de nature heurte les « matérialistes » et les « révolutionnaires » (en dépit d’Epicure, de Rousseau et du romantisme révolutionnaire), on peut parler de matière. »
Ce discours est un exemple évident de la façon dont chacune de nos interprétations de la « nature » est tout sauf neutre. Là où PMO voit dans la nature la justification du prétendu binarisme culturel des genres, un ordre symétrique et imposant, d’autres voient exactement le contraire, c’est-à-dire la prolifération des différences et l’absence de prescriptions d’ordre moral. Déguiser son idéologie d’arguments sur ce qui est « naturel » est une technique généralement utilisée par les partisans de toute forme d’oppression, du racisme à l’homophobie. Le fait que les écologistes utilisent cette technique, qui devrait être plus légitime que d’autres pour savoir ce qu’est la « nature », ne la rend pas plus justifiable, une fois que la conception de la « nature » s’étend à quelque chose de différent de sa signification la plus matérielle de « nature sauvage intacte ».
Dans ce cas, il s’agit d’une attaque contre les fondements de la pensée féministe et queer, qui a mis en évidence comment la naturalisation des différences culturelles entre hommes et femmes sert à justifier la domination des premiers. La « parité » culturelle entre les hommes et les femmes sur laquelle PMO déblatère n’existe pas, ce discours sur le binarisme naturel et l’harmonie entre les sexes / genres veut seulement nier l’existence d’une domination historique des hommes (hétérosexuels) sur les femmes et les autres subjectivités. Heureusement, le féminisme, les théories queers, et leurs mouvements sociaux respectifs, ont depuis longtemps démasqué la prétendue naturalité de l’ordre patriarcal, montrant la dimension historique de cet ordre hiérarchique avec son réseau de pouvoirs, d’interdictions et de constructions.
C’est à ce stade que PMO perd toute inhibition et montre sa basse conception masculiniste de la femme et de l’homosexualité, qu’il avait jusqu’alors plus ou moins dissimulée derrière une critique du « queer » aux tons d’apparence cultivée (mais déjà offensants).
« Qu’est-ce qui fait courir les hommes ? Qui les oblige à se distinguer, à réussir, à se battre (entre eux), à être forts, beaux, riches, rusés, savants, drôles, artistes, etc. ? Pourquoi doivent-ils prouver leur valeur, ou à défaut inventer des anti-valeurs ? L’humour, la sensibilité, la désinvolture ? (Sartre, Gainsbourg, Woody Allen) Pourquoi doivent-ils être valeureux ? Que leur vaut cette valeur en fin de compte ? Une situation. Une position dans la meute. L’accès aux femmes. À la reproduction. À la satisfaction sexuelle pour ceux qui ne sont pas fous des éphèbes, ni des misogynes terrifiés par le redoutable vagina dentata. Cet accès à l’union hétérosexuelle, gratification et/ou reproduction, n’est pas une simple récompense ou distinction, un simple signe de la valeur – l’épouse trophée, comme les bons points, les primes, les médailles, les épaulettes – mais constitue bien l’enjeu, l’équivalence de la valeur (ou de l’anti-valeur) virile. Parce qu’une femme, en soi, vaut bien cette valeur (comme diraient Elle, Cosmo et L’Oréal) ; et ne se contentera pas d’un epsilon si elle pense mériter un alpha et pouvoir l’obtenir ».
Ce passage à lui seul mérite un traité, tellement il parvient à condenser de lieux communs hétérosexistes en quelques lignes. Le point de vue de PMO sur les femmes, mais aussi sur les hommes, est vraiment dégradant. Selon PMO, ce seraient les femmes qui créeraient une compétition entre les hommes et les « forceraient » à « se battre », pour obtenir (carrément) l’accès à la chatte. PMO soutient que le monde tourne autour du désir des hommes et de leur rivalité pour la conquête des femmes (pour la « reproduction » et pour leur « satisfaction sexuelle »), et en cela, il ne voit aucun problème. Le désir féminin n’est évidemment même pas pris en compte, et tout désir qui ne rentre pas dans ce schéma hétérosexiste est considéré comme pathologique. Il va sans dire que toutes les bêtises que ces hommes entreprenants feront pour conquérir les femmes, dans ce scénario stéréotypé de conquête amoureuse qui les voit comme des rivales, est en réalité la faute des femmes qui n’offrent pas assez de sexe et créent donc cette compétition. Avec ce coup de baguette magique, les hommes sont déchargés de la responsabilité de leur comportement machiste, généré par l’idéologie patriarcale, et les femmes en sont rendues responsables.
« Dans notre société où les progrès technologiques dévalorisent la virilité et favorisent l’émancipation féminine, on n’en est plus à s’extasier devant les femmes pilotes de drones ou de bombardiers, scientifiques, informaticiennes, cadres, chefs d’entreprise, avocates, médecins, journalistes, politiciennes, etc. L’autorité paternelle abolie, les femmes, majeures à dix-huit ans, libres de faire des études, de travailler, de leur sexualité, d’avoir ou non des enfants, renversent peu à peu, dans tous les domaines et à tous les degrés de la hiérarchie, la suprématie masculine. »
PMO critique le progrès technologique et soutient que ce progrès dévalorise la virilité et favorise l’émancipation féminine. Vous êtes en train de dire que ces évolutions sont négatives ? Les femmes – évidemment toujours à cause techno-capitalisme… – prennent trop de libertés ! Même être capable de décider de sa sexualité, d’avoir ou non des enfants, d’étudier, de travailler, est une attaque contre la suprématie masculine (ce qui est le sacro-saint, apparemment). Le fait que certaines femmes, certaines personnes queers, certaines personnes non blanches et d’autres minorités ont désormais également accès à ce qui leur était auparavant refusé, à certaines des professions historiquement monopolistiques des hommes blancs et hétérosexuels, ne signifie pas qu’iels sont désormais les principales et uniques responsables du système dans lequel nous nous trouvons, ou que le pouvoir est entre leurs mains. PMO, rassurez-vous, la suprématie masculine est toujours bien en place, pour le moment… Et ce n’est certainement pas le genre d’émancipation que veulent la plupart des féministes.
PMO, en revanche, semble suggérer que les femmes feraient mieux de retourner dans l’espace privé, comme elles ont été historiquement contraintes de le faire par le régime patriarcal qui les a reléguées au rôle domestique d’épouses et de mères, tandis que les hommes peuvent continuer à occuper l’espace public. Que dire du regret de l’abolition de l’autorité paternelle ? Voulons-nous être nostalgiques du bon vieux temps dans lequel régnait le Pater familias et dans lequel on usait de la manière forte envers les enfants ? L’autorité masculine dans la famille est en fait le premier et principal domaine dans lequel s’exprime le patriarcat, et à présent nous n’avons plus aucun doute sur la position de PMO à cet égard. D’autres masculinistes du même rang soutiennent que sans la forte présence du mâle et son autorité « naturelle » dans la famille, les enfants deviennent alors des délinquants, des drogués ou, pire encore, des homosexuels !
« Du point de vue féministe, aujourd’hui, naître homme, c’est naître coupable, s’en mortifier sans cesse et atténuer ce péché originel par une vie de contrition et de perpétuelles surenchères d’humilité. Les femmes prennent désormais le maître-rôle, le pouvoir, tandis que les hommes doivent trouver de nouvelles manières de leur prouver leur valeur. Aujourd’hui comme hier, ce ne sont pas les hommes qui accordent leurs faveurs – ou non. Les femmes, on le sait, sont trop pures, trop délicates pour ces basses jouissances charnelles. Si elles y consentent, ce n’est qu’avec le plus vif dégoût, uniquement par condescendance envers leurs grossiers soupirants, et à condition qu’ils le méritent. Un cliché populaire le dit : « Les hommes proposent, les femmes disposent. » S’il est un domaine où « l’asymétrie des catégories » détermine une hiérarchie, c’est bien dans les rapports amoureux, l’une des affaires majeures, sinon la grande affaire des humains. Un domaine où l’Amour sera roi, où tu seras reine. Où les hommes seront toujours plus les chevaliers-servants de leurs Maîtresses-dames (domina), suivant le modèle de la littérature courtoise étendue à l’ensemble de la société. Des esclaves passionnés ; des enthousiastes de la servitude volontaire ; des masochistes (de Sacher Masoch, La Vénus à la fourrure). Ceux qui nient cette asymétrie doivent alors nous expliquer quels sont les ressorts du viol et de la prostitution. Suivant nos informations, les femmes n’ont guère recours ni à l’une ni à l’autre pour assouvir leurs désirs. »
Cette vision des relations entre hommes et femmes qui reprend le mythe de l’amour courtois est tout simplement pathétique. Le « cliché populaire » selon lequel les relations entre hommes et femmes sont régies par les codes de la séduction galante qui placent l’homme dans une position de serviteur soumis, dévoué à sa « belle », qui elle décide du haut de sa position de pouvoir si et quand « accorder ou non » ses faveurs, non sans quelque signe de dégoût, est très loin de la réalité vécue par la plupart des femmes. Une réalité dans laquelle les femmes sont poussées à céder aux revendications masculines, dans laquelle leur désir est encore peu pris en compte ou essentiellement subordonné au désir masculin, dans lequel on exige qu’une disponibilité sexuelle soit tournée vers les besoins de l’homme, surtout au sein du couple hétérosexuel. Le raisonnement macho proposé par PMO ne fait que cacher la cause de la plupart des violences sexuelles et la justifier, en plaçant la responsabilité sur les femmes et en exonérant les hommes qui, pauvres d’eux, ne peuvent plus contenir leurs désirs sexuels, continuellement frustrés par le peu de disponibilité des femmes, et qui finit par conduire au viol et à la demande de prostitution… À part les chevaliers-serviteurs !
De manière générale, les discours de PMO semblent exprimer une réaction de vengeance face à un changement qui s’opère dans la société sous l’impulsion des mouvements féministes et LGBT, un changement qui voit une remise en cause de la domination historique perpétrée par les hommes. Le pouvoir a aussi évidemment tendance à se restructurer et à s’adapter aux changements de la société, plutôt que d’agir de manière purement répressive, ce qui explique pourquoi le techno-capitalisme a tendance à adopter les revendications les plus progressistes comme siennes, en les revendant comme des choix de marché. Voir ses privilèges s’effondrer progressivement face à de nouvelles générations de femmes qui ne veulent plus souffrir et qui veulent prendre leur liberté fait évidemment mal, et donne lieu à des mouvements de vengeance masculine. Les processus de changement sont souvent représentés sous la catégorie de la « féminisation » de la société et donc associés à une perte d’identité pour les hommes, également intimidés par les nouvelles formes d’initiative féminine. Cette fêlure des modèles traditionnels de masculinité et de féminité est évidemment aussi une fêlure d’un système de pouvoir qui place le sexe masculin au centre, dans une position de pouvoir et de privilège, et de mesure neutre de l’humain par rapport au quel le sexe féminin est hiérarchiquement ordonnée dans une condition d’infériorité et où d’autres orientations sexuelles ou d’autres identités sont représentées comme une déviance ou une pathologie. La dévalorisation sociale progressive de la « virilité », aspect central de la construction de l’identité masculine et garantie de domination, provoque chez certains hommes une angoisse par rapport à leur propre identité et les conduit à devenir les défenseurs d’un système qui en réalité a également appauvri leurs vies, leurs relations et leurs expériences.
Une occasion manquée, car cette critique des modèles patriarcaux traditionnels pourrait être accueillie par les hommes non seulement et non pas tant comme une menace mais aussi comme une opportunité de conquérir des relations plus libres. On ne saurait évaluer à quel point la sexualité et l’affectivité masculines sont également écrasées et rétrécies par l’injonction continue à montrer que « l’on est pas pédé », par l’ironie homophobe continue, par la dévalorisation des femmes mais aussi par la dépendance et la possessivité à leur égard si constitutives de la construction sociale masculine. Quel est le poids de l’interdiction d’exprimer des besoins, des désirs, des émotions qui sortent des canons de la « virilité » ? La construction de représentations stéréotypées des sexes et de leurs relations, ainsi que la stigmatisation de l’homosexualité, structurent non seulement les opprimé·es mais aussi leurs oppresseurs, qui sont à leur tour soumis à des dispositifs de contrôle complexes qui régissent leur expression et qui sanctionnent tout écart par rapport à la norme. Toute expérience masculine est pressée dans les canons obligatoires de la virilité et dans un modèle de travail et de « performativité » sexuelle qui appauvrit les possibilités de relations et d’expériences. Un système qui ordonne les corps et les destinées, opprime et bouleverse le désir des hommes mais leur confère en même temps des privilèges concrets et symboliques. Il est impossible de se dire étranger à cet ordre oppressif, car le pouvoir dont parlent les théories queers affecte n’importe qui, en particulier celles et ceux qui adhèrent le plus à ces mêmes normes et considèrent leur imaginaire comme principalement structuré par elles. Attaquer ou snober les allégations queers comme si elles ne concernaient qu’une minorité de « déviants » ne fait que confirmer la clarté de leurs intuitions.
La dernière tirade de PMO porte principalement sur l’homosexualité, inaugurée par la phrase « Les misogynes et les rétifs à cette domination sexuelle féminine pouvant toujours se réfugier dans l’homosexualité à la mode gay, californienne », se développant ensuite en une attaque contre l’islam militant, qui dans son objectif de « séparation des sexes » est associé à « la Grèce antique et certaines sociétés guerrières homoérotiques », dans lesquelles il existe un « machisme homo, illustré d’une imagerie fascistoïde ». « Quant à l’homosexualité rampante et subie des couvents – d’hommes ou de femmes – des pensionnats, des prisons, des armées, des navires, de tous les lieux clos et non-mixtes, avec leurs durs et leurs supérieur·e·s prédateurs-trices, elle est trop fameuse pour qu’on y insiste. Les affaires de pédérastie qui frappent le clergé catholique depuis une décennie ne sont que la publication tardive d’un fait ancien et banal ». L’homosexualité « militante » serait nostalgique de ces « âges d’or », elle conduirait à une « haine de l’hétérosexualité, du libre mélange des hommes et des femmes », elle rêverait « d’un retour à leur séparation ». « Un projet que l’avènement de la reproduction artificielle de l’humain rapproche de sa réalisation, et c’est aussi pourquoi le lobby LGBT pousse éperdument à la libéralisation juridique et commerciale des technologies reproductives. Des auteurs, féministes et/ou lesbiennes (Françoise Héritier, Marie-Jo Bonnet, etc.), prétendent que ce mode de reproduction asexué et séparé, répond au vieux désir des hommes de faire des fils sans recours aux femmes. De leur voler ce pouvoir exclusif d’enfanter. Mais bien sûr, cela permettra aussi aux androphobes, révulsées par l’ignoble phallus perfossor, de faire des filles sans recours aux hommes. Bref de construire et (idéalement) d’imposer l’homonormalité, sans être plus jamais contrarié par les contraintes naturelles (donc « fascistes ») de la reproduction. On en aura enfin fini avec l’enfer doux-amer des amours entre hommes et femmes, de cet « hétérosexisme » oppresseur dont nos plus vieux poèmes portent témoignage. Il est connu qu’il n’y a pas de discorde dans un couple homosexuel ; ni dominant ni dominé, ni de « jules » et de « julie », de « mec » et de « giton », d’« efféminé » et de « viril » ; et que si – de façon tout à fait exceptionnelle – il s’en trouve, ce ne peut être que des « survivances », et par une déplorable imitation des « rôles hétérosexuels ». » « Les mots importants, omis par le tordu queer dans les expressions sexe fort et sexe faible, sont évidemment les adjectifs qui précisent et modifient le nom auquel ils se rapportent. Même la nation Queer et les couples homosexuels se divisent et structurent en faibles et en forts. Encore que cette distinction puisse osciller suivant les personnes et les circonstances, ni plus ni moins que chez les hétérosexuels. »
Ces extraits en disent long sur ce que son auteur pense des femmes et des homosexuels. Pour PMO, il y aurait une convergence d’intérêts et de points de vue entre différents acteurs : des personnes queers qui, à son avis, voudraient éliminer les frontières entre hommes et femmes, et peut-être même entre masculin et féminin, et imposer l’homosexualité ; l’industrie agrochimique qui pollue l’environnement ; et les transhumanistes qui rêvent de l’avènement des êtres humains augmentés. Nous serions donc confrontés à une mystérieuse alliance frontiste entre différentes espèces d’« androphobes » qui ont en commun la haine des hommes, du vivant, des corps et de la nature, et en particulier le « lobby LGBT » pousserait dans le même sens que les transhumanistes. L’alarmisme de PMO est partagé par l’Église, par exemple par le cardinal Bagnasco, président de la Conférence Épiscopale Italienne, qui a récemment déclaré en parlant des cours sur la sexualité à l’école : « Le genre se cache derrière de vraies valeurs telles que l’égalité, l’équité, l’autonomie, la lutte contre le harcèlement et la violence, la non-discrimination mais, en réalité, il s’attaque à la racine même de l’humain, pour construire un « transhumain » dans lequel l’homme apparaît comme un nomade sans but et sans identité ». Cette idée d’une conspiration mondiale queer qui détruirait la famille, la nature de l’être humain et réaliserait le rêve eugénique est une stratégie imaginée par l’Église catholique face à l’émergence d’une plus grande liberté sexuelle et à la remise en cause des rôles de genre patriarcal traditionnel, sur lequel se fonde la conception catholique et fasciste de la famille.
Pour conclure le chapitre à propos de PMO, il faut ajouter que ce collectif n’a pas exprimé d’idées effrayantes uniquement sur les femmes et les personnes queer et trans. De forts doutes émergent sur les véritables idées qui animent ce collectif par rapport à tout ce qui dépasse le discours sur les techno-sciences. Faisons abstraction du fait que l’un des leaders du collectif, Yannick Blanc, était d’origine maoïste et travaillait comme journaliste pour les grands magazines Libération, Actuel, L’Autre Journal et The Ecologist [1]. Dans le texte intitulé « Bas les pattes devant Snowden, Manning, Assange et les résistants au techno-totalitarisme », PMO se plaint que la gauche n’a pas apporté son soutien à l’ancien agent de la CIA Edward Snowden, qui a rendu publique l’existence du système d’espionnage Prism, et rappelle que la seule qui a demandé l’asile politique pour lui est Marine Le Pen ; la gauche, au contraire, se perdrait dans la rétrogradation de la lutte antifa à la suite de la mort de Clément Méric. Clément est un camarade qui a été tué des mains d’un fasciste, mais pour PMO ce n’est pas le cas, le fascisme aujourd’hui n’est que celui du Big Brother : Clément aurait été tué par la « version rurale des délinquants de banlieue », par l’un des « exclus des métropoles high-tech et de la concurrence internationale, l’un des trahis par la gauche ».
PMO choisit alors de publier sur son site Internet un article intitulé « Faut-il changer la nature de la filiation ? » de l’édition française de The Ecologist, un magazine écologique grand public né dans les années 1970, dont le fondateur Edward Goldsmith est passé ces dernières décennies à des positions ethno-écologiques, pour ne pas dire écofascistes. Évidemment, cela n’est pas mentionné. L’auteur du texte est Hervé Le Meur, membre du CCADV – Paris, un groupe qui lutte contre la PMA et la GPA avec des caricatures dignes de Forza Nuova (voir leur site internet pour le croire).
Dans un article intitulé « Devoir d’insolence : nique les bobos », PMO montre ses idées patriotiques. Il attaque les paroles d’une chanson de rap antiraciste écrite par des migrants de la deuxième génération, « Nique la France », qui dénonce le passé colonialiste et impérialiste du pays et son présent capitaliste. PMO exprime son indignation pour cette « mode » de « honte » d’être français, qui signifierait « céder au conformisme effréné » (tout ce qu’il n’aime pas est défini comme tel…). Les paroles des deux rappeurs seraient « rythmées par la haine » car elles expriment « un anti-patriotisme débridé, elles se focalisent sur le racisme qui vient des Blancs et s’adresse aux « Noirs et Arabes » » (et alors ?). « C’est alors que l’on voit s’esquisser une certaine cohérence, un alliage d’un vague anticapitalisme et d’un antiracisme multiculturaliste forcené, et une vision du monde où la faute est à imputer quasi uniquement à la France et aux « beaufs » ». L’article de PMO continue comme d’habitude en s’attaquant aujourd’hui à la gauche, une « gauche sans cervelle qui ne semble concernée que par la domination fantôme d’un groupe ethnique sur un autre ». Après avoir nié l’existence d’un problème de racisme dans la société française, PMO rejette une alliance avec l’extrême droite, mais revendique une position de « patriotisme révolutionnaire ». Le collectif PMO aime aussi donner des interviews à droite et à gauche, voire aux médias de masse (Le Monde et autres), mais parmi les nombreuses qu’il a données, on peut retenir celles de Limite, un magazine d’inspiration chrétienne qui rejette la distinction entre droite et gauche, et pour Racemag, dans laquelle ils tiennent des propos délirants à propos d’un front industriel qui irait du Front National à Lutte Ouvrière, tandis que « le mouvement écologique et anti-industriel » serait traversé « de courants allant des post-situationnistes aux nationalistes révolutionnaires ».
Je pourrais continuer longtemps avec des exemples, mais je vais m’arrêter là. Avec toute cette quantité d’informations et en allant lire directement leurs textes, n’importe qui peut se forger une opinion sur les idées qui animent PMO. À mon avis, parler de l’« ambiguïté » de leur pensée, c’est leur faire un compliment, en ce sens qu’on va bien au-delà de l’ambiguïté… ce qui est certain, c’est qu’on ne parle pas de personnes anarchistes et même pas identifiables à distance comme des « camarades ». Pourtant, en France comme en Espagne, en Italie et dans d’autres pays, il y a des écologistes radicaux·ales qui continuent à traduire et à diffuser les textes de critique de la technologie de ce collectif, leur faisant de la publicité, et ce sans sourciller et sans même exprimer un commentaire sur leurs positions sur ces thèmes.