[Publication] Nunatak #8

Le numéro 8 de Nunatak, revue d’histoires, cultures et luttes des montagnes vient de paraître.

Des présentations de la revue auront lieu dans les Hautes-Alpes les 11 et 12 mars :

— Samedi 11 mars à la librairie-bouquinerie Le bloc erratique, à Briançon (18h30)
— Dimanche 12 mars au café associatif La Passa à Vallouise (18h)

La revue est disponible en version papier dans nos lieux de diffusion ainsi que sur notre blog en version numérique librement téléchargeable.

Pour les Alpes du sud, la diffusion est actuellement en cours et se fait petit-à-petit !

Voici la liste des lieux qui diffusent habituellement Nunatak dans le coin :

04 – Alpes-de-Haute-Provence

— Librairie Regain, place de la Libération, 04110 Reillanne
— Librairie Le petit pois, 32 rue Grande, 04100 Manosque
— Librairie La Carline, 13 boulevard des Martyrs de la Résistance, 04300 Forcalquier
— Bibliothèque Agate, armoise et salamandre, 13 rue des Cordeliers, 04300 Forcalquier

05 – Hautes-Alpes

— Librairie La Loupiote, 26 rue Jean Eymar, 05000 Gap
— Société Alpine de Protection de la Nature, 48 rue Jean Eymar, 05000 Gap
— Bibliothèque universitaire, Université d’Aix-Marseille, 2 rue Bayard, 05000 Gap
— Biocoop, 230 rue des Couteliers Zone commerciale Sud, 05100 Briançon
— Médiathèque René Siestrunck, La Vachette, 05100 Val-des-Prés
— Café de la mairie, 32 avenue Charles de Gaulle, 05120 L’Argentière-la-Bessée
— Le Lieu, Face à la Poste, 05200 Embrun
— La Maison du Berger, Les Borels, 05260 Champoléon
— Filature Longo Maï de Chantemerle, route Neuve, 05330 Saint-Chaffrey
— Hôtel La Maison de Gaudissard, 05350 Molines-en-Queyras
— Gîte Les Gabelous, Pierre Belle, 05350 Saint-Véran
— Gîte d’étape Le Grand Rochebrune, Hameau de Souliers, 05350 Château-Ville-Vieille
— L’Épicerie Littéraire, place du Village, 05380 Châteauroux-les-Alpes

38 - Isère

— Librairie La Palpitante, 41 place de la Halle, 38710 Mens
— Ferme-gîte Le Cris-Cath, L’Église, 38710 Treminis
— Refuge de Font Turbat, Le Désert, 38740 Valjouffrey – au pied du Mont Olan
— Le Bistro de la Place, place de la mairie, 38930 Clelles

Si vous souhaitez vous faire envoyer des exemplaires, vous pouvez nous contacter (revuenunatak-diffusion(at)riseup.net) en précisant le nombre ainsi que l’adresse de réception.
Il est aussi possible de s’inscrire dans notre carnet d’adresses et de recevoir les prochains numéros dès leur parution. Il suffit de nous le préciser lors de votre commande.

L’équipe de Nunatak serait ravie d’être invitée à venir présenter ce nouveau numéro lors de soirées, voire de tournée de présentation dans vos régions ! N’hésitez surtout pas à proposer des dates et des lieux par chez vous ! Vous pouvez envoyer vos propositions à l’adresse email suivante : revuenunatak(at)riseup.net

Pour nous aider dans la diffusion, nous envoyer des propositions de textes, d’illustrations, des commentaires ou des critiques, c’est aussi ici :

revuenunatak(at)riseup.net

L’éditorial du numéro 8 :

Nous sommes ravis d’aborder dans ce numéro une question complexe qui suscite depuis longtemps des débats au sein de l’équipe de la revue : celle des rapports parfois conflictuels entre les différents groupes sociaux habitant les zones rurales et de montagne.

Dans nos lieux de vie, de travail, de loisirs, on assiste souvent à l’expression d’une opposition pour le moins caricaturale et réductrice entre néo-ruraux ou « bobos » d’une part et populations « déjà-là » ou autochtones d’autre part. Nous sommes nous-mêmes régulièrement assimilés à l’une ou l’autre de ces catégories.

À travers deux articles, nous nous pencherons d’un peu plus près sur la façon dont s’expriment concrètement ces clivages. Ils peuvent se retrouver dans les activités culturelles ou de loisir, la fréquentation de tel bar ou tel commerce plutôt qu’un autre, dans tous ces lieux où l’on partage un certain entre-soi (du club de sport à la bibliothèque militante), dans nos (dé)goûts en matière d’alimentation ou d’apparence vestimentaire, ou encore dans les manières de s’approprier certains rôles sociaux (comité des fêtes, implication dans la vie associative). Qu’est-ce que de tels gestes quotidiens sous-entendent, qu’est-ce qu’ils racontent ? De quels (non-)choix toutes ces postures résultent-elles ? Nous avons le sentiment que tous ces gestes nourrissent des phénomènes d’exclusion réciproque ou d’évitement plus ou moins choisis de la part de celles et ceux qui les investissent. Sans avoir la prétention de trouver la recette magique, nous souhaitons que cette revue soit un outil pour aller à l’encontre de ces séparations, en tissant des liens et en engageant des complicités avec celles et ceux qui ne se résignent pas à l’uniforme1.

Ainsi, l’article « Faire la fête et boire des coups » tente, à partir de situations conflictuelles très concrètes (l’organisation de concerts « alternatifs » dans un village de montagne, la fréquentation des cafés) de saisir ce qui peut se jouer derrière la façade de ces oppositions, en terme de violence symbolique véhiculée parfois inconsciemment par les « néos ».

Par ailleurs, il ne faut pas imaginer que le monde des « natifs », souvent jugé peu accueillant envers les nouveaux arrivants, soit un bloc homogène qui ne serait pas traversé de contradictions et d’intérêts divergents. Derrière les termes de « néo » ou d’« autochtone », se cache une multitude de réalités sociales, traversées par des oppositions qui dissimulent parfois des rapports de classe bel et bien présents. Ainsi, l’entretien avec Nicolas Renahy, auteur de l’enquête Les gars du coin, permet de mieux appréhender les réalités multiples du monde ouvrier rural.

En avoir plus qu’assez de l’État-nation, du patriarcat, des nuisances industrielles, des institutions religieuses, etc. doit-il nous contraindre à exercer une forme de mépris de classe envers celles et ceux qui, occupant des positions subalternes au sein de la société, ne partageraient pas les pratiques ou les idées qualifiées d’« émancipatrices » voire qui les rejetteraient ?

Dans un tout autre registre, « Rouler avec son temps » nous emmène à l’aventure à deux roues ! Au rythme des itinéraires cyclables et autres aménagements touristiques, nous nous souviendrons surtout qu’« une société qui a détruit toute aventure fait de la destruction de cette société la seule aventure possible » ! L’article « Transition à vélo, nuisances à gogo » bat en brèche tous les arguments des promoteurs de ces formidables engins de la transition énergétique vers un capitalisme toujours plus vert (mais toujours autant capitaliste) que sont les vélos électriques, à l’heure où ils viennent concurrencer les bientôt pittoresques vélo « musculaires » en affirmant pouvoir explorer de nouvelles limites... aménagées ! Nous aurions pu en rester là, mais c’était sans compter les déchets (radioactifs) que ces inconvenants sèment sur leur passage. Heureusement Poma est là ! La raréfaction de la neige obscurcissant le ciel de ses ventes de télésièges, l’entreprise déploie une habile reconversion dans la gestion de ces encombrants nucléaires. Reconversion qui sera l’objet de l’article « Le tire-fesses, l’éolienne et le fût radioactif. »

Un saut dans le temps complète ce tableau. Un temps pas beaucoup plus lumineux pour autant. À Villefranche-de-Rouergue, le 17 septembre 1943, les « Croates » se rebellent contre leurs officiers SS. Une révolte spontanée ? Un haut fait de la Résistance ? Un coup des services de renseignement ? « La révolte des Croates » pose toutes ces questions à la fois, et interroge les relations complexes entre histoire et mémoire. Enfin, nous espérons que notre revue aide et encourage à affiner l’esprit critique sur tous les sujets, afin d’éviter de plonger à corps perdu dans des trajectoires ayant l’apparence de solution. C’est bel et bien cette exigence d’une critique fine qui invite à ne pas s’accommoder d’un « mieux que rien » qui anime nos prises de position au sein de la revue Nunatak.

Bonne lecture !

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