Le 6 février 2014, plus de 200 personnes migrantes ont essayé d’entrer dans la ville de Ceuta, enclave espagnole, depuis le territoire marocain à travers la plage de Tarajal. La Guardia Civil espagnole tirait des cartouches de fumée et des balles en caoutchouc sur les personnes dans l’eau pour empêcher les personnes d’entrer dans le territoire espagnol. Quinze migrants étaient tués du côté espagnol, des dizaines ont disparu et d’autres sont morts sur le territoire marocain.
Depuis lors, le 6 février a été déclaré un jour de commémoration pour les personnes migrantes tuées et disparues le 6 février 2014 entre Tarajal et Ceuta et au-delà pour toutes les personnes migrantes et réfugiées tuées et disparues dans les mers, dans les déserts, aux frontières et sur les routes de migration.
Sur l’histoire et la signification du 6 février :
Texte sur la signification de la CommémorAction du 6 février, publié par Alarmphone Watch the Med
Texte par Caminando Fronteras sur les histoires de 14 des 15 personnes tuées le 6 février 2014 à Tarajal - des gens qui avaient des noms, des visages, des parents et des rêves.
En 2021 :
Malgré les conditions difficiles et exceptionnelles imposées par la pandémie de Covid-19, le samedi 6 février 2021, des CommémorActions transnationales pour les mort-e-s de la migration ont eu lieu, entre autres, à Agadez au Niger ; à Sokodé au Togo ; à Oujda et Saidia au Maroc ; à Dakar et Gandiol au Sénégal ; à Madrid et d’autres villes en Espagne, à Bruxelles et à Liège en Belgique et à Berlin et Frankfort en Allemagne.
Déclaration de la coordination Alarme Phone Sahara d’Agadez au Niger sur la CommémorAction du 6 Février 2021 :
Au nom de tous les membres du réseau ‘’Alarme Phone’’, nous remercions du fond du cœur toutes les personnes venues ici à l’occasion de cet évènement de commémoration de mort.e.s et disparu.e.s du fait des politiques anti migration. A cet instant solennel, je demande à l’assistance ici présente d’observer une minute de silence à la mémoire de ces personnes victimes des politiques cyniques d’externalisation des frontières. Je vous remercie !
Par notre actuelle action en ce 06 février 2021 et par bien d’autres encore qui se déroulent à travers le monde, nous montrons notre désarroi contre ceux et celles qui ont dressé les frontières qui ont tué et ont fait disparaître des vies humaines.
Depuis longtemps déjà, nous enregistrons des morts et des disparitions d’êtres humains aux frontières extérieures de l’Europe, dans la Méditerranée, au Sahara, ou dans les centres de détentions en Europe, en Amérique et en Afrique qui sont conçus pour dissuader les gens de ne pas mouvoir en toute liberté. Nous ne pouvons pas oublier ceux et celles qui ont été tué(e)s, qui ont disparu ou qui ont été victimes de disparition forcée.
Mettre un terme à ce massacre continu causé par le régime frontalier de l’Europe ainsi que de ses valets d’ici et d’ailleurs est l’une de nos motivations pour être actifs ensemble dans une lutte à long terme pour la liberté de mouvement et la justice mondiale.
Le 06 février 2021, nous nous réunissons pour transformer notre deuil en action collective. Nous venons de cultures, de contextes, et d’horizons divers. Nous sommes des proches de disparus du Burkina, de Guinée, de Gambie, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Nigeria, de la Tunisie, du Togo, d’Algérie, du Maroc, du Cameroun, du Sénégal, de Syrie, du Mexique, du Pérou, d’Italie et de partout dans ce monde qui nous appartient tous.
Nous sommes, en des environnements différents, ceux qui trouvent des restes humains dans les camps de détention, le désert et au bord de la mer, qui tentons d’identifier les défunts dans les différentes zones frontalières, qui donnons aux corps sans nom un enterrement digne. Nous sommes ceux qui se tiennent la main dans la main quand un parent, une fille, un fils, une sœur, un frère, un ami, un conjoint, une épouse nous manquent.
Nous nous rassemblons pour dénoncer la violence mortelle des régimes frontaliers de n’importe où.
Nous nous réunissons pour commémorer ceux qui sont morts, qui ont disparu ou qui ont été victimes de disparition forcée en Méditerranée, au Sahara, dans les forêts, dans les savanes, les montagnes, les prairies, les mares, les fleuves, les lacs, les lagunes et les tranchées de la honte, au Maghreb, en Amérique latine, dans la région d’Evros, à calais, aux îles, sur les collines et les montagnes.
Nous accusons et doigtons les acteurs de ces actes ignobles, et au premier chef les gouvernements qui décident de restreindre davantage l’accès aux itinéraires en dissuadant les personnes en mobilité par tous les moyens de répression en leur possession.
Pour nous, la commémoration des personnes décédées, disparues ou victimes de disparition forcée fait partie de nos luttes quotidiennes. Ce 06 février 2021, cela fait déjà 6 ans de tristes et amers souvenirs. En effet, il vous souviendra qu’en 2014, la police espagnole des frontières j’ai nommé la « Guardia Civil » a massacré au moins 15 personnes qui tentaient de passer la frontière dans l’enclave de Ceuta. En notre connaissance commune, leurs morts n’ont pas été reconnues comme des meurtres et les agents frontaliers impliqués restent jusqu’ici impunis.
Ce massacre n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la mort et de la disparition aux frontières européennes et d’ailleurs. Plusieurs milliers d’autres personnes ont perdu la vie et périssent encore dans le désert, en mer, aux frontières, ont disparu ou sont victimes de disparition orchestrée par les forces du mal.
En tant qu’alliance transnationale et par des actions de solidarité dans de nombreuses villes, nous commémorons ces vies disparues et luttons pour un monde juste ou la liberté de mouvement sera enfin et véritablement un droit humain fondamental comme le stipule la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en son article 13 qui stipule que : « Toute personne a le droit de circuler librement (…), de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ».
Ceux qui cherchent la lumière sur les conséquences de l’externalisation des frontières se sont réunis en grand nombre à Oujda (au Maroc) en 2020 pour se souvenir et échanger sur des tragédies sans commune mesure. Cette année, du fait de la pandémie du Covid 19, les grands regroupements ne sont pas conseillés. Mais les célébrations de cette date se font de manière délocalisée à travers le monde.
Nous voulons rendre visibles les luttes quotidiennes et la souffrance des personnes qui traversent les frontières. Nous voulons créer des espaces de recueillement pour le traumatisme continu enduré par les parents et les proches de ceux qui ont perdu la vie, ont disparu ou ont été victimes de disparition forcée. Avec l’externalisation de la frontière européenne, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et le Niger deviennent de plus en plus les garde-frontières de l’Europe. C’est pourquoi nous avons besoin d’une forte mobilisation des militants et des migrants sur le terrain.
Nous nous sommes déjà réunis par le passé, nous nous réunissons aujourd’hui et nous nous retrouverons à l’avenir. Nous ne cesserons pas de nous réunir, car les crimes contre l’humanité qui sont en cours marquent tant de jours de l’année de chagrin et de colère qu’il est impossible d’un choisir un seul.
Nous manifesterons aux frontières extérieures de l’Europe mais aussi dans de nombreuses villes d’Europe (Ceuta, Berlin, Marseille, Milan, et autres). Nous devons agir pour que les auteurs de la violence tapis au cœur de l’Europe ressentent ses effets.
Avec notre concept « Commemor’Action », nous tenons une promesse consistant à ne jamais oublier ceux qui ont perdu la vie ou qui ont été portés disparus. Et nous lutterons contre les régimes frontaliers meurtriers. Nous offrirons un espace de commémoration et nous construirons collectivement quelque chose à partir de notre deuil. Nous ne serons pas seuls et nous n’abandonnerons pas. Nous continuerons à nous battre pour la liberté de mouvement et la dignité humaine pour tous dans notre vie quotidienne.Nous invitons donc tout le monde à retenir la date du 06 février comme une journée mondiale de recueillement pour commémorer ceux qui sont morts, disparus ou ont été victimes de disparitions forcées le long des frontières à travers le monde.
Nous vous invitons à envoyer des informations sur les atrocités du fait de la politique d’externalisation des frontières.
Nous appelons toutes les personnes victimes directes ou indirectes à se mobiliser pour dénoncer cette attitude inhumaine des politiques que prônent les dirigeants du monde qui restreignent la liberté de circulation au mépris de toutes les lois en vigueur.
A l’occasion de ce 06 février 2021, nous rendons un hommage mérité à toutes les personnes, qui se mobilisent de nuit comme de jour pour faire de ce monde un espace de paix et de justice.
Toute notre solidarité avec leurs familles et leurs amiEs ! Nous ne les oublierons pas !
Chroniques à MER sur la journée de CommémorAction du 09 février 2021. Premier épisode présentant le réseau AlarmPhone et permettant de comprendre les responsabilités des états européens en Méditerranée.
Autres infos des frontières :
Pologne - Biélorussie : "Le 25 janvier 2022, les autorités polonaises commenceront la construction d’un mur de 180 km de long à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Le mur doit être achevé dans les 5 mois. Le coût total de la construction de la clôture est estimé à 1,6 milliard de PLN. 5,5 mètres de haut - 5 mètres de poteaux métalliques et 0,5 mètre de fil de fer barbelé. Il y aura des détecteurs de mouvement et des caméras au barrage. Il s’agit de la prochaine étape de la politique raciste de l’Union européenne et d’un symbole visible de la fermeture de l’Europe. Outre le fait que la clôture fait partie des fortifications de la forteresse Europe et que son objectif est d’empêcher la libre circulation des personnes. La construction implique de couper d’immenses étendues de forêt et de couper les chemins de nombreuses espèces d’animaux. Selon l’équipe Noborder en Pologne, les entreprises suivantes bénéficient du Mur entre la Pologne et la Biélorussie. Les entreprises chargées de la construction du mur et de la livraison des matériaux sont : Węglokoks SA, Mostostal, Budimex SA , Unibep, Budrex sp z o. o."
Libye : "La manifestation pacifique auto-organisée des demandeurs de protection africains devant le HCR Tripoli a été brutalement réprimée. Au moins 600 personnes, dont des femmes, des enfants emmenéEs dans l’un des centres de détention notoires où le viol, la torture et le travail forcé sont monnaie courante. C’est à nous tous d’être les cris de ceux qui n’ont plus de voix ! Unissons-nous pour faire entendre la voix de @RefugeesinLibya dans toute l’UE !
Soyons clairs : l’UE soutient les trafiquants d’êtres humains en Libye . En soutenant (équipements, formations) les soi-disant Garde-côtes (milices de facto), l’UE soutient le cycle de violence des tentatives d’évasion, du système de camps et des nouvelles arrestations. Que fait l’Europe pour y mettre un terme ?
Les vies de Hassan Zakaria et David Yambio — les organisateurs de @RefugeesInLibya
— sont en danger, alors que le soi-disant « Département de l’immigration » de Libye les recherche. Un appel a été lancé à @UNHCRLibya pour protéger tous ceux qui en font la demande.
L’autorité DCIM d’Ain Zara continue d’amener des centaines de migrantEs, en les mélangeant avec les réfugiés qu’ils ont expulsés de force d’une manifestation pacifique contre les mauvais traitements de la