Témoignage d’Agression d’Extrême droite, Valence manifestation du 14/08

Le texte qui suit est un témoignage d’une personne qui a subis une agression d’un groupe d’extrême droite lors de la manifestation contre le Pass Sanitaire à Valence le 14/08.

LE CONTEXTE  
Forte mobilisation en D​​rôme depuis 5 semaines pour exprimer notre désaccord contre le PASS SANITAIRE.
Jamais vu autant de monde en manif sur Valence depuis ma présence dans la région.

Récap des 3 derniers rdv sur Valence selon nos ressentis.

le Samedi 31 Juillet manif non déclarée en pref. Plus de 10 000 personnes, forte présence du corp médical, de gilet jaune, très eclectique pour le reste, présence importante de drapeau français, certains avec des croix de Lorraine et autre sigle lié à la résistance, fleur de Lys etc. Très peu de FO [forces de l’ordre].

J’aperçois des visages au front bien dégagés, des corps aux muscles saillants et tatoués de symboles qui ne trompent pas. Je comprends vite que les fa​s sont dans la place et déterminés à s’approprier le mouvement.

La CNT est présente en tête de cortège avec une 40aine de personnes.
Juste derrière une 40aine de Fa [fascistes] réunis autour d’une banderole (LIBERTÉ UNITÉ REV’OLUTION).
Les tensions sont palpables.

Ils tentent à plusieurs reprises de stopper le cortège afin de nous isoler de la manif sans y parvenir réellement.
Ils disent qu’ils ne souhaitent pas parader avec quelconques syndicats​ dit de : « collabos ».
Ils tentent de passer devant en empruntant une voie parallèle à la nôtre, mais personne ne les suit.
Ils se retrouvent seuls. Ils reviennent sur notre parcours et passent devant nous.
La CNT pratique alors la même stratégie que la leur : stop le cortège afin d’ isoler les fas.
Par la suite pendant quelques minutes les deux banderoles CNT/FA se retrouvent côte à côte.

Là, j’hallucine et reste coi, du jamais vu...

J’entends plusieurs personnes craindre un affrontement imminent.

A la Mairie, les fas prennent le parvis et tentent de représenter le mouvement devant les médias présents.

La CNT se poste à leur côté pour acter leur présence et ne pas laisser le champ libre.

Beaucoup de gens ne se rendent absolument pas compte que ce groupuscule représente l’extrême droite et chantent à leurs côtés.

Au final ce sera la foule chantant en cœur « danser encore » lancé par les occupants du théâtre de Valence puis repris par la sono CNT qui aura eu raison d’eux.

Ils partent sans mot dire et disparaissent du cortège.

Nous voilà plus sereins et repartons en sauvage en nombre plus restreint (entre 200 et 350 pers) dans valence et parvenons à déjouer un barrage de bac / GM [gendarmes mobiles] (trop peu nombreux) pour investir le Pont Mistral et ainsi diffuser nos messages aux nombreux automobilistes autoroutiers et foutre un beau bordel de circulation entre Ardèche et Drôme.

Le 3 Août je reçois un message :
 « Mobilisation à Valence ce Samedi ! Nous avons perdu la tête de cortège 3 semaines durant, avec des agressions de plus en plus fréquentes de la part des Fa sur nos camarades, la semaine dernière les camarades ont repris la manif et nous pensons qu’il faut un bloc Anti Fa !! A faire passer à vos contacts susceptibles de nous aider. »

Le samedi 7 Août : Cette manif est déclarée en préf par la CNT.
Nous embarquons quelques connaissances avec nous et retrouvons un peu moins de monde entre 5 et 8 000 personnes. Très peu de FO.

Ce coups ci les fas sont en tête de cortège, plus nombreux avec une nouvelle banderole.
(esclave de l’état ou hors la loi pour notre liberté).
Je les sens différemment de la fois dernière.
Ils sont organisés en petits groupes de 3 à 4 personnes, ils observent et photographient.
Ils intimident. Ils sont équipés de manches à drapeau bien solides, gants de moto coqués.

Les copains de la CNT sont un peu moins nombreux avec leur kangou sono et les retrouvons en milieu de cortège.

S’en est suivi un déluge qui nous a trempés jusqu’à la moelle et a sérieusement contribué à faire rentrer au sec les moins déter !

Les fas se sont à nouveau réunis sur le parvis de la Mairie et ont tenté de donner un discours.
Nous avons gueulé bien fort afin de nuire à leur speech.

Un peu altérés par la tournure des choses nous continuons en direction de la préf, nous ne sommes plus que quelques centaines de personnes sous une bruine pénétrante.

La CNT s’apprête à repartir avec leur voiture, 3 fa (dont 1 équipé de gants coqués et bâton télescopique de marche avec une belle pointe) les suivent, nous nous rapprochons (à visages découvert) pour ne pas les laisser seuls, ils intimident et se retrouvent contraints de lâcher l’affaire.

Un type de la CNT sous une bonne dose d’adrénaline, est alors sorti, gazeuse dans une main et micro dans l’autre et a lancé un appel au secours aux derniers manifestants en dénonçant les pratiques désormais courantes de ces nazillons lors de ce dernier mois.

Son discours était très maladroit et n’a fait (à mon sens) qu’attiser la haine des fa​s​ envers les « gauchos ».

Une fois la CNT exfiltrée, nous sommes partis avec la sensation que la tension était montée d’un cran et que nous étions sur une pente dangereusement glissante.

Samedi 14 Août :Manif non déclarée.entre 5 et 7000personnes. 6/7 Cars de GM.
Nous arrivons à 8 personnes, mais n’avions pas organisé correctement nos covoits.

Nous ne sommes donc ni arrivés au même endroit, ni en même temps.

Nous étions 2 à arriver alors que le cortège était déjà lancé.
On a pour habitude de remonter jusqu’en tête de cortège afin de prendre la température et repérer qui se trouve à quel endroit.
Je repère des fas en mode vigie de chaque côté du cortège tous les 10/30 mètres tel à la main.
Ils filment ou photographient.
Les pompiers sont en tête de cortège, pas de syndicats, pas même de CNT...
Je repère quelques-uns d’entre eux noyés dans la masse sans drapeaux, voire même avec des vêtements différents de ce à quoi j’ai l’habitude de les voir.

Premier arrêt du cortège au carrefour de la fontaine monumentale.
Je me rends compte que les fas chassent, plus précisément ils nous cherchent.
…..Tout seul on va plus vite.

Le temps pour nous de prendre contact avec le reste du groupe et se donner un rdv, sentant que tout ceci n’annonçait rien de bon.

Une fois réunis, le palpitant un peu soulagé et en tête « ensemble on va plus loin... ».
Nous voilà partis, peu fier de notre désorganisation.

La suite va très vite, le temps de se briefer un peu et de partager nos ressentis, nous sommes en milieu de cortège et sommes entrés dans la rue piétonne.
Nous sentîmes l’étau se resserrer autour de nous. Je constate vite que nous sommes nassés par une vingtaine de fas.
Une discussion prend vie entre l’un d’entre nous et un fa, ça se transforme vite en intimidation verbale « sale pute de gaucho » s’en est suivi quelques gifles, arrivent ensuite les crachats en pleine figure.
Trop peu nombreux pour envisager une offensive, nous restons donc sur la défensive.
La nasse se resserre rapidement, les drapeaux s’enroulent autour des manches et se transforment en tonfa.
Les coups pleuvent pendant un instant qu’il m’est impossible de quantifier. Ils disparaissent.
Nous sortons l’hélichryse, passons en revue les blessures.
Rien de vraiment moche, quelques hématomes et pour ma part un bon état de choc.
Nous croisons quelques connaissances et diffusons les faits en imaginant que ce ne sera pas leur dernier passage à tabac.

Nous avons été​​ retrouvées ensuite par quelques antifas de Valence qui, avertis de nos déboires nous ont accompagnées et aidées a sortir de la manif.

Au final, une fracture du cubitus pour l’un d’entre nous. 4 à 6 semaines d’immobilisation.
Mon avis :
Après analyse de ce guet-apens, il paraît clair que la consigne était de ne pas nous fracasser la tête. Certains ont vu des coups qui auraient pu être fatals mais qui ont été retenus.
Le but étant de nous inciter à ne pas revenir ou revenir plus violent afin de casser le mouvement de l’intérieur.

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